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Dernière mise à jour:
décembre 2007
 
 

DÉPRESSOMASSAGE OU DÉPRESSOTHÉRAPIE


J.M. HEBTING, M.K.D.E., 4 bis rue Nozeran 34000 Montpellier
M.POCHOLLE

Mots-clés : dépressomassage, vacuomobilisation, kinéplastie

RÉSUMÉ
Dépressothérapie ou dépressomassage sont des termes génériques concernant un mode précis de massage instrumental. D'autres l'ont appelé dépressomodelage. Dans tous les cas, il s'agit d'une forme majeure de massage instrumental. Elle consiste à faire appel à l'effet du vide créé à l'intérieur d'une ventouse et de pratiquer avec celle-ci les diverses manoeuvres de massage manuel. Cette ventouse ou tête peut être simple ou munie de rouleaux ou de boules. Dans tous les cas, l'efficacité de la technique est conditionnée par sa parfaite maîtrise par le praticien qui saura faire usage de la dépression au cours de la réalisation parfaite des manœuvres de massage.

INTRODUCTION
Il n'est pas inutile de rappeler que l'usage du vide créé dans une ventouse, à visée thérapeutique, est bien antérieur à la médecine moderne. Il était pratiqué au Moyen-Age sous forme de ventouse + coton ou analogue +alcool. Il était ainsi pratiqué à visée décongestionnante. Cette forme de pratique en interdisait bien évidemment le déplacement de cette " ventouse ".
Rappelons que cette technique est d'usage fréquent en médecine chinoise.
Le dépressomassage tel que pratiqué actuellement en recourant à l'utilisation d'une ventouse et réalisant, par son intermédiaire, les diverses manœuvres de massage fête son demi-siècle. L'apport de la dernière décennie (ou des 2 dernières) a consisté non à améliorer la technique sous l'angle du massage mais à faire évoluer le matériel moins en termes de puissance que de technicité.

PRINCIPE
Nous revendiquons dans tous les cas l'appellation de massage pour cette technique simplement effectuée par l'entremise d'un instrument.
A cet effet, nous parlons de massage instrumental. L'intérêt du recours à l'instrument consiste à diminuer la fatigue du praticien, à permettre la parfaite reproductibilité d'une manoeuvre donnée et sa constance tout au long de cette manœuvre
Sa limite tient par contre dans le manque d'intelligence de l'appareil qui, quels que soient sa technicité et son développement, aura toujours besoin de la main qui sent, interprète et réagit en adaptant.
Cette technique consiste donc à reproduire diverses manœuvres de massage calquées parfaitement sur celles du massage manuel et effectuées par l'intermédiaire d'une ventouse.
Nous créons à l'intérieur de celle-ci une aspiration grâce à une pompe. Nous modulons la puissance de cette aspiration et la contrôlons à l'aide d'un manomètre. L'effet obtenu est fonction de celle-ci ainsi que du diamètre de la ventouse utilisée.
Aussi, " jouons-nous " de ces " variables " en fonction :
- du type de manœuvre pratiquée,
- de l'effet recherché,
- du tissu traité et de sa fragilité,
- de la sensibilité de la région traitée.
La ventouse varie donc en forme et en diamètre. Nous réalisons par son intermédiaire le pincer-tourner (variante du pincer de Jacquet-Leroy), le palper-rouler, le pétrissage, l'étirement, la glissée à visée drainante et encore la dépressothérapie locale (alternance de dépressions haute et basse et d'étirement sous dépressothérapie).

DESCRIPTION ET MODES D'APPLICATION
Le déplacement glissé de la ventouse sur la peau (accompagné d'une dépression dans la ventouse) créé un pli de peau. Sa progression de proche en proche, glissée, la roule sous les bords de cette ventouse. Ainsi est réalisé un parfait palper-rouler qui peut être visualisé à travers les parois transparentes de la ventouse.
La peau est ainsi mobilisée par aspiration et roulement. De ce fait, nous la décollons sans pincement ni pression de la ventouse. Les tissus ne sont donc écrasés ni dans la ventouse ni par les bords de celle-ci.
Les effets sont visibles à travers la ventouse. Ce type de massage provoque toujours une hyperhémie et celle-ci est objectivée par la coloration de la peau. Il réalise par ailleurs un assouplissement de la peau bien supérieur à ce que nous obtenons dans un même temps par un palper-rouler manuel. En cas de dermalgie, il s'opère une diminution très notable de la réponse douloureuse après quelques minutes de ce type de manœuvre
Elle est donc : hyperémiante, assouplissante, défibrosante et hypoesthésiante dans un second temps. Elle confère en outre une sensation de légèreté en procurant détente et relaxation.
Le pétrissage peut être pratiqué par l'entremise de la ventouse à l'aide de laquelle nous réalisons une torsion ou une reptation de la peau et/ou des tissus sous-jacents, en opposition avec le mouvement de la main libre. Nous provoquons ainsi une double action de torsion par le mouvement en opposition des deux mains dont l'une manie la ventouse dont la dépression réalise en outre simultanément un étirement dans cette ventouse.
Ce type de manœuvre active la circulation par l'expression des liquides des tissus traités par une action équivalente à un foulement. Le flux liquidien s'en trouve amélioré ainsi que (ou par ?) la dilatation des artérioles.
L'élasticité du tissu traité est elle aussi améliorée. Cette action peut concerner le muscle dès lors que la puissance de l'aspiration est suffisante et que le diamètre de la ventouse est satisfaisant. En conséquence d'un tel traitement, nous améliorons sa contractilité mais essentiellement pouvons de ce fait agir sur la rétraction musculaire avec une efficacité maximale, ce qui concerne l'orthopédie mais surtout la kinésithérapie du sport pour tous les traitements de lésions musculaires.
Elle est donc défibrosante, vascularisante, assouplissante. Pratiquée à un rythme lent, elle s'avère décontracturante et accessoirement sédative.

Les étirements orthodermiques peuvent être reproduits en appliquant une aspiration ne concernant que la seule peau par l'intermédiaire de la ventouse et en exerçant grâce à elle une tension à cette peau en opposition avec une mise sous tension en sens opposé réalisé par la main libre. De ce fait, nous réalisons une mobilisation millimétrique de la zone traitée.
Nous effectuons de cette manière un étirement-mobilisation de l'épiderme et du derme superficiel sur le derme profond.
Cette manœuvre est donc défibrosante, hyperémiante, desquamante et dépolymérisante.

La glissée superficielle est réalisée en déplaçant la ventouse sous faible dépression. Nous respectons ainsi la circulation veino-lymphatique en harmonie avec la physiologie de la circulation.
Dans cette manœuvre, il s'agit de ne point écraser la ventouse mais de la guider très souplement en respectant fidèlement la direction de la circulation de retour, bien davantage encore que dans les autres types de manœuvres
Il ne peut y avoir de manœuvre en glissée qu'à la seule condition de la pratiquer à puissance d'aspiration restreinte et à vitesse de déplacement harmonieux, souple, lent, progressif et léger.
Cette manœuvre s'avère calmante et sédative. Nous obtenons donc grâce à elle un effet hypoesthésiant et elle est toujours ressentie agréablement par le sujet. Elle provoque une légère desquamation et une vasodilatation légère des capillaires.

Dans certains types de lésions ou en cas de tissus hyperalgiques , la glissée peut s'avérer désagréable, voire douloureuse. En ce cas, nous pratiquons le dépressomassage en appliquant la ventouse localement, exerçant sur elle la torsion et/ou tension, puis la soulevant pour l'appliquer ainsi de proche en proche sur toute la zone à traiter.
Nous pratiquons de cette manière :
                        - un étirement vertical vers la surface de la zone traitée,
                        - une mobilisation tangentielle par une torsion de la ventouse,
                        - un étirement vertical avec rotation réalisant un pincer-tourner.
Il s'exerce de ce fait au niveau de la peau et ce , principalement de l'épiderme et du derme superficiel, une mobilisation qui étire les tissus sans être agressive ni risquer de provoquer un érythème (en cas de fragilisation de la peau).
Cette manœuvre est dépolymérisante, assouplissante et défibrosante principalement.

Dans d'autres pathologies, seul l'effet d'étirement passif est recherché. Ce mode d'utilisation de la vacuothérapie intéresse tout particulièrement la kinésithérapie du sport et plus précisément les séquelles de lésions musculaires. En ce cas, nous associons l'étirement réalisé par la ventouse à une mobilisation excentrique du muscle lésé. Par ce mode de pratique, la récupération de l'intégralité du potentiel d'étirement de ce même muscle s'effectue dans les délais les plus brefs.
Nous ne pouvons passer sous silence l'usage des ventouses en médecine chinoise. Certains thérapeutes font appel en ce cas à cette technique en appliquant les ventouses à visée décongestionnante (tel que nos " anciens " le pratiquaient). Dans ce mode de pratique, nous posons la ventouse sur la zone intéressée en réalisant une dépression constante et en créant de ce fait un hématome.
Autre mode d'utilisation de cette technique : selon le mode alterné aspiration forte/aspiration faible, à visée hyperémiante et décongestionnante principalement, intéressant en premier lieu les contractures et myalgies.
Dans tous les cas, le massage par dépression, qu'il soit nommé dépressomassage, vacuothérapie, vacuomobilisation etc (liste non exhaustive), augmente notablement l'effet que nous obtenons lors des mêmes manœuvres effectuées manuellement.
Il nous permet donc d'obtenir un résultat pour le moins équivalent, voire meilleur que par massage manuel et ce, avec une constance dans la manœuvre (en puissance) bien supérieure à fatigue moindre et pour un temps de pratique réduit très notablement.


INTÉRÊT
L'expérience nous permet d'affirmer sans contexte qu'il s'agit d'une forme majeure de massage instrumental dès lors que la dépressothérapie est bien assimilée, bien pratiquée et judicieusement appliquée par un praticien entraîné. Cette expérience repose sur 25 ans de pratique quotidienne de la dépressothérapie en milieu sportif d'abord, en rhumatologie et traumatologie ensuite, et enfin en pratique spécifique après chirurgie réparatrice, plastique et esthétique.
Il est très restrictif de cantonner ce type de massage au seul palper-rouler. Cela reviendrait à limiter tout le massage, partant tout le champ d'application de la massothérapie au seul palper-rouler. Ce serait faire fi des possibilités et des indications de toutes les autres manœuvres que recèle le massage, de ses effets et de ses indications.
Quid du mouvement glissé lent et doux qui reproduit la pression ou plus exactement la dépression glissée desquamante, vasodilatatrice, décontracturante, drainante et défatigante ; de la dépression locale, qui réalisée par cycle, favorise la circulation de retour par son effet de pompe et se révèle soit tonifiante, soit sédative en fonction de la force de l'aspiration ou encore associée à une mobilisation passive augmente notablement la récupération de l'élasticité musculaire ; de l'aspirer-tourner qui reproduit le pincer-tourner et à ce titre, est particulièrement indiqué dans le traitement des lésions cutanées, particulièrement dans la prise en charge des séquelles de brûlures, se révélant défibrosante et mobilisatrice au mieux de l'épiderme et du derme superficiel, améliorant la souplesse du tissu, lui en restituant l'élasticité.

CHAMP D'APPLICATION
Sans être exhaustifs, rappelons en préambule que ce massage concerne tous les champs d'application du massage manuel, en bonifiant son effet et majorant donc son efficacité.
Nous avons déjà parlé de son intérêt dans la prise en charge des cicatrices traumatiques ou chirurgicales tout autant que dans celle des séquelles des brûlures. Nous l'avons prouvé en partant du traitement de plus de 1.500 cas (voir communication lors du XXXXIè congrès de Société Française de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique).
Son intérêt en orthopédie-traumatologie s'est avéré majeur et a pu être démontré dans une étude que nous avons menée sur une série de genoux opérés comparativement avec un groupe témoin (résultats présentés aux Entretiens de Bichat en 1997 par M.Pocholle, CDS). Il s'agit là de résultats notables, objectifs, qui font ressortir l'intérêt de cette technique tant pour le résultat obtenu au cours de la séance de kinésithérapie (différence d'amplitude entre le début et la fin de la séance) qu'en fin de traitement : objectif (gain d'amplitude moyenne du groupe traité) et subjectifs (sensation d'étau, de gêne, d'empâtement).
En traumatologie du sport, notre expérience (10 ans de pratique au niveau fédéral : FFA) nous permet d'affirmer que le dépressomassage est d'un intérêt majeur particulièrement dans la prise en charge des lésions musculaires. Il se révèle un auxiliaire majeur dans le massage à visée défibrosante. Il permet en outre, correctement appliqué, associé à la mobilisation du segment, en vue de récupérer toute l'extensibilité du muscle lésé, d'augmenter cette mobilisation et de permettre de ce fait, une récupération plus rapide et de meilleure qualité et par là, de diminuer notablement le risque de récidive.
Le massage réflexe peut être pratiqué en recourant à la dépressothérapie, sous la condition d'utiliser une ventouse de diamètre restreint (de la taille d'un doigt) et de travailler à forte dépression. L'intérêt réside dans une fatigue bien moindre qu'en cas de technique manuelle.
Un champ d'application très intéressant est le domaine de l'hygiène du corps et de la beauté. La première indication est bien sûr le traitement de cellulite. En ce domaine, nul n'en discute les résultats. Il ne faudrait pas passer sous silence l'apport du dépressomassage dans le massage hygiénique. A faible puissance d'aspiration, le dépressomassage est un complément très intéressant du massage manuel, tant par son agrément (pratiqué par un praticien entraîné) que par l'apport qu'il lui confère (gain de temps et de fatigue).
en somme, nous pouvons résumer ces diverses pratiques de la dépressothérapie en fonction de pathologies :
- en rhumatologie : La pratique la plus courante consiste en l'usage de la ventouse en pression glissée, de mêmes type et direction des traits que dans le massage manuel, à l'aide d'une ventouse moyenne, suivie en fin de séance de massage de vacuothérapie en alternance sur les zones hyperalgiques et/ou contracturées.
- en kinésithérapie du sport : La ventouse vient au secours de la main
- en pathologie tendineuse lors des manœuvres en glissée sous forme de petite ventouse à très forte dépression,
- en pathologie musculaire, elle est associée aux mobilisations excentriques en vue de récupérer l'élasticité du muscle.
- en massage réflexe : La ventouse peut se substituer au doigt pour la réalisation des divers traits. Pour cela, il se doit de recourir à la petite ventouse sous très forte dépression.
- en chirurgie réparatrice : en recourant à une petite ventouse, celle-ci est l'alliée rêvée de la main en reproduisant les diverses manœuvres précitées. Ces mêmes manœuvres intéressent bien évidemment les séquelles de brûlures et toutes les lésions qui touchent la peau.
- en esthétique : De même que dans le massage manuel, l'effet obtenu est une meilleure microcirculation tissulaire, une amélioration de l'élasticité de la peau , une amélioration des diverses fonctions de celle-ci.
- en massage à visée hygiénique : La ventouse vient au secours, voire se substitue à la main pour la réalisation des divers traits. Cette indication est celle relevant le plus évidemment à l'usage d'une huile ou d'une crème de massage.

CONCLUSION
Le dépressomassage est bien une forme de massage encore qu'instrumentale. Comme tel, il comporte différentes manœuvres qui demandent à être judicieusement pratiquées, tout comme doivent être judicieusement sélectionnées la puissance d'aspiration et fonction de l'effet recherché et la taille de la ventouse (ou tête) utilisée. La puissance de l'aspiration, pour une pratique rigoureuse, doit bien sûr être précise et constante et exige donc (si nous voulons être rigoureux) pour être précise, qu'il n'y ait d'interposition entre la ventouse ou tête et la peau. Le cas contraire interdit de parler de puissance exacte. Quelle est la part d'erreur due à une interposition d'un quelconque tissu entre peau et ventouse ?
Certains types de manœuvres ou certaines indications peuvent nous amener à recourir à une crème de massage voire à une pommade. L'agrément en ce cas est supérieur à celui de dépressomassage " à sec ", quoique la puissance de l'aspiration et les effets soient les mêmes. Ceci est particulièrement intéressant dans le massage " hygiénique ".
nous ne pouvons passer sous silence, en cette période où les soucis d'hygiène guident la plupart des gestes que nous faisons et imposent certaines contraintes tant en matière de médecine que d'esthétique, l'intérêt d'utiliser dans cette pratique (massage instrumental) des ventouses (ou têtes) stérilisables (à froid) ou bien mieux encore à usage unique.

BIBLIOGRAPHIE


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